Galanthus nivalis © Stanislav Rada, Wikimedia Commons

Dans mon premier jardin à Zürich, j’avais hérité d’une bordure de rosiers assez quelconques, dont la taille avait été un peu négligée les dernières années. La vraie surprise fut de découvrir quelques semaines seulement après avoir repris ce jardin un tapis dense à leur pieds mêlant crocus et perce-neige. Une superbe composition annonciatrice du printemps.

J’ai un amour tout particulier pour les perce-neige, surtout l’espèce indigène Galanthus nivalis. En même temps, je ne suis pas sûr de comprendre la véritable « galanthomanie » qui s’empare de l’Angleterre à cette saison. Des hordes de visiteurs sillonnent le pays pour visiter les différentes propriétés connues pour leur collection. Et certains sont prêts à payer plusieurs dizaines voir centaines de livres pour un bulbe d’une espèce ou d’un cultivar rare. Le record à ce jour a été atteint en 2012  avec la vente sur eBay d’un bulbe de Galanthus woronowii ‘Elizabeth Harrison’ pour 725£… D’une part, la plupart des espèces se ressemblent énormément; pour un biologiste, le feuillage est la caractéristique principale permettant de les distinguer, mais ce n’est sûrement pas la raison qui pousse à les planter dans un jardin. D’autre part, les différents cultivars ne diffèrent le plus souvent que par la disposition, la taille des pétales et la présence ou non de marques subtiles. Il faut littéralement avoir le nez dessus pour voir la différence, alors que l’effet de masse est ce que l’on cherche à créer au jardin.

Comment donc établir un tel tapis? Les perce-neige se multiplient facilement par multiplication de leur bulbe et dans une moindre mesure par semis. Il suffit de planter seulement quelques sujets dans des conditions favorables et d’être un peu patient. Il est souvent recommandé de les déplacer quand leur feuillage est encore vert juste après la floraison. Cela présente l’avantage de voir ce que l’on est en train de faire. Cette croyance vient surtout du fait que les bulbes de perce-neige, à la différence des jonquilles et tulipes, ne supportent pas bien une période de stockage sec. Ainsi les bulbes proposés secs à la vente en automne auront beaucoup de peine à s’établir et doivent être évités. A moins que le producteur ne les distribue qu’à une période précise en été et les emballe de manière à maintenir leur humidité. Certains spécialistes jugent également que le déplacement en vert peut affaiblir le bulbe. Il vaut donc mieux marquer leur emplacement au printemps et agir pendant la période de dormance en été.

Le pied des arbustes caducs reste le meilleur endroit pour les planter. Les perce-neige sont capables d’habiller cette zone souvent dénudée en début de saison tout en résistant aux conditions d’ombre et de sécheresse qui y règnent lorsque le feuillage est apparu, vu que cela correspond à leur période de dormance. On peut aussi les associer à des vivaces à démarrage tardif, comme l’anémone du Japon ou les hostas, à nouveau pour assurer une bonne succession d’intérêts. Une fleur qui a sa place dans tous les jardins.