Paenia lactiflora ‘Marie Lemoine’ © Kor!An, Wikimedia Commons

Cette année, avec le printemps très chaud, tout semble venir – et passer – très vite : les tulipes sont déjà défleuries, le muguet et les premiers iris en fleurs… C’est bientôt déjà le tour d’une de mes fleurs préférées : les pivoines.

Je ne peux pas imaginer un jardin sans elles. Je les aime pour leur feuillage découpé qui reste beau toute la saison, leur bouton floraux très ronds qui s’ouvrent sur une explosion de pétales, dans les tons blancs, roses ou rouges généralement, et pour beaucoup d’entre elles, un parfum des plus agréables, légèrement citronné. Souvent, je préfère le charme naturel et discret des fleurs simples, mais les pivoines sont l’une des exceptions. Big is beautiful !

Planter une pivoine requiert une certaine patience, puisque il faut compter plusieurs années avant d’obtenir la première floraison. Mieux vaut donc bien choisir l’emplacement, dans une terre riche, argileuse, au soleil ou à l’ombre légère – ce qui prolonge la floraison chez de nombreuses espèces. Le plus important au moment de la plantation est de ne pas trop enterrer le collet de la plante, ce qui provoquerait une pourriture du plant, surtout dans une terre lourde. Rien de plus simple pourtant, il suffit de la planter au même niveau que celui du pot reçu de la pépinière. Les pivoines sont par ailleurs tellement longévives qu’elles survivent en général la personne qui les a plantées. C’est pourquoi on les retrouve souvent dans les jardins abandonnés, envahies d’herbes.

On distingue deux grandes familles de pivoines, celle dit herbacées et les pivoines arbustives, Paenia sufructicosa. Depuis quelques années, pour compliquer encore un peu les choses sont apparus des hybrides entre ces deux groupes, les pivoines intersectionnelles d’Itoh, qui présente une base arbustive à partir de laquelle repart chaque année une partie herbacée.

La pivoine du jardin de nos grands-mères est une pivoine herbacée, Paeonia lactiflora, appelée communément pivoine de Chine. Je trouve que leur meilleur emplacement est au potager-bouquetier. On n’aura ainsi pas de regret à couper quelques boutons pour fleurir la maison. Il est indispensable de prévoir un tuteurage, surtout pour les espèces très doubles, et rien ne sert d’agir une fois que la pluie aura fait des dégâts. La solution la plus naturelle s’obtient en faisant pousser la plante à travers une surface maillée maintenue à 20cm de hauteur par de fins piquets. On trouve des produits en métal dans le commerce ou l’on peut en fabriquer soit même avec quelques branches de noisetier. J’ai un amour tout particulier pour les obtentions Calot de la fin du XIXème siècle, surtout ‘Marie Lemoine’, ‘Noémie Demay’ et ’Alice Crousse’ ou la démesure de ‘Triomphe de l’Exposition de Lille’.

Pour une bordure, je préfère planter une pivoine botanique. Ma préférée est certainement Paeonia delavayi. J’adore son feuillage très découpé, et sa floraison simple rouge foncé. J’aime aussi le jaune pâle de Paeonia mlokosiewiczi, certainement un défi pour passer commande par téléphone à son pépiniériste !