La vallée des fougères, Villa Carlotta © Lionel Coulot

L’été dernier, pour marquer mon anniversaire, j’ai eu la chance de découvrir sur le bord du lac de Côme un jardin admirable dont je voudrais vous parler aujourd’hui.

La Villa Carlotta fut construite à la fin du XVIIème siècle. C’est aussi de cette époque que date le premier jardin à l’italienne qui entoure la villa, avec ses fontaines, terrasses et escaliers monumentaux qui descendent en direction du lac. Au niveau des plantations, on retrouve des éléments typiques des jardins méridionaux : des Trachelospermum jasminoides qui soulignent le dessin des soubassement de la demeure, des Ficus pumila qui habitent le moindre recoin des contremarches de l’escalier, des haies de grenades, une pergola d’agrumes, et, en contre bas, un bosquet de vieux camélias taillés au cordeau.

Les jardins ont connu une deuxième apogée dans la deuxième partie du XIXème siècle. La Princesse Carlotta qui a donné son nom actuel à la villa avait reçu en cadeau cette villa lors de ses noces avec Giorgo II, duc de Saxe-Meiningen. Ce dernier, passionné de botanique, s’est attelé à enrichir le jardin d’une vaste collection botanique. Le sol particulièrement acide a permis l’installation de plantes calcifuges, comme la collection de rhododendrons et d’azalées, qui font encore aujourd’hui la renommée du jardin.

Pourtant ce n’est pas ce qui m’a le plus impressionné, peut-être parce que ma visite ne coïncidait pas avec ces floraisons. J’ai vraiment été surpris par l’immense diversité botanique et surtout par les dimensions majestueuses des arbres: en contre bas de la maison des immenses Cinnamomum camphora, dont on s’amuse à froisser le feuillage pour sentir leur odeur si particulière, plus loin un Stewartia pseudocamelia dont on ne peut qu’admirer les couleurs de l’écorce. Cette tradition botanique est heureusement encore perpétuée aujourd’hui, avec de nouvelles introductions, comme ce jeune Idesia polycarpa qui prend déjà son élan.

Ce qui rend ce jardin si remarquable à mon sens, c’est la grande diversité des espaces, les transitions et effets de surprise qui attendent le visiteur lors de sa visite. Là la vue s’ouvre d’un coup pour offrir un superbe panorama sur le lac et les montagnes. A un autre endroit et le visiteur pénètre dans une vallée étroite plantée de fougères arborescentes ou un réseau de brumisateurs crée un brouillard artificiel qui ajoute encore à l’atmosphère surréelle du lieu.

Du point de vue du jardinier, on ne peut qu’admirer l’état d’entretien impeccable du jardin, alors même que je n’ai pas croisé un seul jardinier au travail lors de ma visite. Et peut-être une idée qu’on pourra transposer dans son propre jardin : les Ophiopogon japonicus en tapis au pied des grands arbres et en bordure d’allées gravillonnées, tant esthétiques que facile d’entretien, puisqu’il ne nécessitent pas de taille et forment un tapis dense et vert toute l’année.