Jardin Majorelle © Luc Viatour, Wikimedia Commons

Pour nous changer les idées au milieu de la froideur hivernale, je vous propose cette semaine une invitation au voyage, à la découverte du Jardin Majorelle à Marrakech.

Le Jardin Majorelle a été crée dans les années 20 et 30 par le peintre français Jacques Majorelle. Laissé à l’abandon pendant plusieurs années, le jardin a été acquis dans les années 80 par Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, qui l’ont restauré puis ouvert au public.

Le jardin est entièrement ceint de murs, ocres comme partout à Marrakech, et rien de l’extérieur ne laisse présumer du spectacle qui attend le visiteur. Entrant par une petite entrée sur le côté, on pénètre d’abord dans une petite antichambre circulaire qui constitue une transition idéale avec l’agitation de la rue. Le décor est dépouillé, un bassin au centre et une frise de briques sur la partie haute des murs en sont les seuls éléments. La promenade continue à travers une forêt de bambous, qui offre au visiteur une ombre bienvenue en période estivale. On y déambule, accompagné par le chant de nombreux oiseaux, tout en apercevant en transparence à travers les cannes les autres parties du jardin et de la maison.

Cette dernière, comme tous les éléments en dur du jardin, est peinte de ton saturé de jaune, orange, ou bleu, le fameux bleu Majorelle. Avec la lumière de ces latitudes, ces couleurs sont considérablement aplaties par rapport à l’effet qu’elles produiraient dans notre contrée – à ne pas reproduire chez nous donc. De plus, ces éléments de couleur offrent un contraste saisissant avec le vert des plantations.

Les plantations justement. Elles sont composés d’un savant mélange de plantes issues des cinq continents, qui, de part leur luxuriance, renvoient à un idéal d’exotisme et un imaginaire d’oasis dans le désert. On retrouve à la fois des grands classiques des jardins méridionaux – les haies de Punica granatum, les bougainvilliers, impressionnants de part leur dimension – qui côtoient des petites raretés. Un groupe de Bismarckia nobilis de Madagascar, des collections d’agaves, de yuccas et de cactées… On est nécessairement impressionné par cette diversité botanique, sans pour autant que cela vire à la collectionnite ou nuise à la composition du jardin. En outre, les informations sont données aux visiteurs par des panneaux discrets et judicieusement positionnés ; on ne pourrait rêver mieux.

Ce qui frappe aussi c’est l’omniprésence de l’eau dans le jardin, véritable luxe dans cette région du monde. Elle prend différentes formes, ici un canal qui dessine une longue perspective depuis la maison, là un bassin à nymphéas, rappelant celui de Monet à Giverny…

Au final ce qui m’a le plus touché, c’est l’alternance et la diversité des espaces, sans pour autant que cela devienne indigeste. Les transitions entre les différentes ambiances de lumière, des zones ouvertes à des zones plus calmes ou le visiteur a, un instant, l’illusion d’être le seul à profiter de ce jardin. Partout, des bancs ponctuent la promenade, autant d’invitations à admirer un point de vue et rêver.