Verger de pommiers dans le canton de Zürich © Roland zh, Wikimedia Commons

Les vergers d’arbres fruitiers haute-tige font partie de l’image de carte postale de la Suisse. En ce moment, on voit déjà apparaître les premières floraisons qui couvrent les arbres d’un manteau blanc pur. Cet élément clé du paysage culturel des campagnes a pourtant longtemps été menacé de disparition.

Historiquement, les maisons de village étaient entourées de jardins potagers, eux même prolongés par un verger, dans le but d’assurer une autonomie alimentaire au foyer. De la sorte, les vergers formaient une couronne continue entourant le village, précédant les champs et les pâtures situés au-delà. Or avec l’expansion des constructions, c’est d’abord la zone de verger qui a été convertie.

Heureusement, il existe aujourd’hui de nombreuses initiatives qui visent à les préserver. Cela s’accompagne aussi de programme de conservation de la biodiversité des espèces fruitières, comme celui de la fondation Pro Specie Rara ou celui de l’association Rétropomme. Cette dernière propose en outre à la vente de nombreuses variétés anciennes, ce qui nécessite un an de patience le temps que la greffe prenne.

L’arbre haute-tige est un arbre fruitier greffé à deux mètres de hauteur sur un porte-greffe qui lui confère vigueur et résistance. Cela donne des arbres à fort développement,  de sorte qu’il faut compter un espacement minimum de 10m entre chaque arbre à la plantation pour assurer une insolation optimale et une bonne circulation d’air. Les arbres haute-tige ont une mise à fruit plus lente, mais peuvent facilement vivre 120 ans. C’est en outre la seule forme fruitière compatible avec un pâturage des champs.

Différents facteurs entrent en ligne de compte dans le choix d’une variété : le goût et son utilisation possible, la résistance aux maladies, la capacité à prospérer dans les conditions du lieu, par exemple en altitude. Je suis le premier à recommander à mes clients à planter des variétés anciennes, à condition que celles-ci soient compatibles avec un mode de culture bio. C’est bien là deux problématiques différentes et malheureusement certaines variétés anciennes sont trop sensibles pour se passer de traitement.

La taille et l’entretien sont relativement simples. Au début, on forme sur chaque arbre un premier étage formée d’environ 5 branches principales dites charpentières et une flèche verticale. Chaque année, le prolongement des charpentières est raccourci de moitié ou des 2/3, selon la vigueur, et on supprime toutes les branches secondaires qui poussent au dessus d’une charpentière. Par la suite, on ajoute un deuxième étage de 3 charpentières et une flèche, puis un dernier étage de 2 charpentières, chaque fois à une distance de 1m.

Pour ceux qui souhaiteraient se passer de ces travaux de taille indispensables, je préconise de planter un « faux verger » de pommiers ou cerisiers d’ornement aux multiples intérêts : floraison printanière, feuillage d’automne et fructifications appréciés des oiseaux. Chacun peut ainsi contribuer à la préservation de cet élément du paysage.