Aglais urticae sur Knautia arvensis © Savant-fou, Wikimedia Commons

On perçoit dans l’air du temps une certaine volonté de retour à la nature ainsi qu’une plus grande conscience des problématiques environnementales. Au jardin, cela se traduit notamment par un intérêt marqué pour les « plantes sauvages ». Ce sont des plantes le plus souvent indigènes qui n’ont pas été sélectionnées par la main de l’homme. Loin du côté parfois ostentatoire de certaines vivaces dont la floraison est l’attrait principal, elles présentent un charme tout en subtilité. On les emploie aussi pour leur capacité à attirer des insectes utiles comme les abeilles ou les papillons.

Historiquement, ce n’est pas la première fois que cet engouement pour les plantes sauvages se lit. Au début du XXème siècle, William Robinson, en opposition au jardin victorien préconisait déjà des plantations de formes libres, utilisant des vivaces, dont certaines naturelles. Les idées de Robinson ont eu un grand écho, mais ces jardins se sont révélés être extrêmement compliqué d’entretien à la longue. Avec les changements de mode, il ne reste rien du sien à Gravetye Manor.

L’utilisation de plantes sauvages requiert une approche différente. Ce qui a changé depuis l’époque de Robinson, c’est notre compréhension des milieux naturels avec les études de phytosociologie. Influencés par ces idées et guidés par leur expérience pratique, des jardiniers, comme l’Allemand Richard Hansen, ont formulé le concept d’habitat au jardin. Les plantes sauvages doivent être placées dans des habitats définis notamment en terme de conditions de culture, telle que la lumière, la température et l’exposition, l’humidité du sol et de l’air, etc. C’est beaucoup plus complexe que la seule indication ombre, mi-ombre, soleil figurant sur la plupart des plantes en jardineries. De plus, dans une plate-bande de vivaces traditionnelle, on garde le milieu toujours ouvert entre les touffes de vivaces par un binage régulier, comme dans un potager. A l’inverse, on laisse une plantation de plantes sauvages se refermer et les plantes sont alors en concurrence directe. Les communautés tiennent donc compte au delà des exigences culturales de la capacité des plantes à vivre entre elles, comme dans un écosystème naturel.

L’homme assure un rôle important de suivi du développement de ces écosystèmes. Dans les premières années, il doit veiller à contrôler certaines adventices, ce qui requiert quand même un peu de connaissance pour ne pas désherber la mauvaise plante. Mais une fois le milieu refermé, les plantations ne requiert presque plus d’entretien. Même si certaines « mauvaises herbes » venaient à s’installer, elles ne perturbent en général pas l’harmonie de la composition. En outre, l’homme est capable de maintenir un milieu dans un état transitoire, alors qu’il évoluerait naturellement vers un autre milieu. Par exemple, en fauchant chaque année une zone rudérale et en évacuant le foin, il limite l’enrichissement du sol, qui favoriserait d’autre plantes.

Ces plantations sont en permanentes évolution. C’est justement là leur intérêt, un spectacle attrayant pour tous les utilisateurs du jardin.