Magnolia x loebneri ‘Leonard Messel’ © Magnus Manske, Wikimedia Commons

Avec le printemps assez précoce de cette année, on voit déjà apparaître ça et là les premiers magnolias en fleurs dans les jardins en ville. Le spectacle est particulièrement saisissant cette année, la floraison n’ayant pas été gâchée par une gelée tardive ou une pluie qui aurait fait tomber les fleurs ou provoquer des tâches brunes disgracieuses sur celles restant en place.

Les magnolias, originaire d’Asie ou d’Amérique, comptent parmi les premiers et donc plus anciens arbres à fleurs. Ils ont toujours occupé une place de choix dans toute l’histoire des jardins, en Orient puis en Occident. C’est légitimie au vus des qualités qu’ils multiplient : un très beau port naturel qui ne requiert pas de taille et devient majestueux avec l’âge, une belle écorce grise en hiver, une floraison sur bois nus pour ceux dont il est question ici, un beau feuillage pour certains. Je ne pourrais pas recommander de meilleurs investissements à long terme.

De manière générale, ils préfèrent un emplacement à mi-ombre, dans un sol acide à neutre, riche en humus forestier, ce qui correspond à leur habitat naturel de sous-bois. Il existe cependant des cultivars qui tolèrent le soleil ou le calcaire. Niveau rusticité, ce n’est en général pas un problème, plutôt le risque de gelée tardive qui détruit les fleurs.

Le plus souvent on retrouve le rose doucereux de Magnolia x soulangeana, tant affectionné par la génération de nos grands-parents qu’il est devenu presque un peu trop commun à mon goût. Ce magnolia est un hybride obtenu au XIXème siècle par M. Soulange, ancien soldat de Napoléon, qui à sa retraite s’est tourné vers l’obtention de magnolias. Encore un changement de carrière assez inattendue… Depuis, quelques 250 cultivars de M. x soulangeana ont été obtenus, notamment ‘Lennei Alba’, une obtention suisse des années 1900 qui reste un succès avec ses fleurs d’un blanc pur.

La star absolue entre tous, c’est Magnolia campbellii. J’aime beaucoup l’anecdote que Louis Benech racontait à son sujet : alors qu’il travaillait chez Hillier en Angleterre, il se lève un matin, regarde l’arboretum de la pépinière et se frotte les yeux, persuadé que quelqu’un a recouvert pendant la nuit un arbre de papier toilette… En effet, la taille des fleurs en forme de gobelet est juste énorme, d’un rose plaisant. Plus qu’une star, M. campbellii est une vrai diva : sensible au froid, même la variété mollicomata réputée plus rustique, intolérant au calcaire. En plus il sait se faire désirer, vu qu’il faut compter environ 25 ans pour qu’il fleurisse. En suite, cela va exponentiellement et il a besoin de beaucoup de place pour se développer. Les impatients et ceux qui disposent de petits espaces préféreront donc plutôt des hybrides dont M. campbellii est un parent, comme Magnolia ‘Iolanthe’ ou ‘Star Wars’.

Un groupe que j’affectionne particulièrement est celui des Magnolia x loebneri, un croisement entre M. kobus et M. stellata. Il garde de ce dernier une fleur en forme d’étoile et, en prime, tolère bien le calcaire. Je pense aux cultivars ‘Leonard Messel’ et ‘Ballerina’, pour leur floraison rose, ou ‘Merrill’ à la floraison blanc pur.  Superbe comme à l’arboretum d’Hillier en double alignement le long d’une entrée…