Rosa chinensis ‘Sanguinea’

Certains diront que je manque totalement de romantisme, mais quelle idée d’offrir une rose à la Saint Valentin ! Cette fleur, certes si belle et symbole d’amour, possède une face cachée nettement moins reluisante : scandales à répétition sur les conditions de production, bilan écologique catastrophique…

Pourquoi pas à la place offrir un rosier, qui durera beaucoup plus longtemps que la fleur fanée après une semaine. D’autant que c’est le moment idéal pour planter les rosiers en racines nues, qui sont non seulement moins chers, mais ont une meilleure reprise que ceux en pot. Des années de fleurs à venir, n’est ce pas là une vraie promesse d’amour ?

Le choix est immense ce qui ne rend pas les choses faciles. Pour moi, un des premiers critères qui limitent le choix est la robustesse naturelle du rosier. Beaucoup de rosiers sont sensibles à une ou plusieurs maladies : rouille, maladie des tâches noires ou mildiou. Ces maladies ne sont certes pas fatales, mais défolient presque entièrement la plante en été, qui présente alors un air bien triste. Certains diront qu’il existe une panoplie de traitements chimiques efficaces, mais cette approche est peu compatible avec une logique de développement durable. Au delà de cette considération, il n’est tout simplement pas envisageable de commencer avec une plante faible, sensible au moindre aléa, qui ne sera que source d’inquiétude.

Mon premier souvenir de rosier est un Rosa damascena dans le jardin de ma grand-mère, ce qui a longtemps conditionné ma définition de la rose idéale : très double et surtout très parfumée. On retrouve souvent ces qualités sur des rosiers dit anciens, comme ‘Jacques Cartier’, ‘Félicité et Perpétue’, qui présentent malheureusement souvent le désavantage de ne fleurir qu’une fois. Les rosiers anglais, comme ‘Winchester Cathedral’ ou ‘Gertrude Jekyll’, mélange à la fois l’apparence des roses anciennes avec des caractéristiques des roses modernes, notamment la capacité à refleurir. Malgré toutes leurs qualités, ces rosiers sont tellement omniprésents – en Angleterre David Austin, leur créateur, est de loin le premier rosiériste – que je dois avouer souffrir d’une certaine lassitude au point de ne pas forcément vouloir les inclure dans un jardin.

Aujourd’hui, je suis beaucoup plus attiré par les rosiers botaniques, c’est-à-dire, des rosiers qui existent à l’état naturel et ne sont pas le fruit de la main de l’Homme. En plus ces rosiers présentent beaucoup plus d’intérêts que leur floraison : un très beau feuillage automnale chez Rosa virginiana ou Rosa rugosa, de belles fructifications qui restent sur la plante tout l’hiver ou des épines impressionnantes chez Rosa sericea var omeiensis.

Finalement, s’il faut absolument qu’elle soit rouge, je recommanderai Rosa chinensis ‘Sanguinea’, d’un rouge très profond et qui fleurit continuellement jusqu’au gelée.